Photo : Elaïs Livingston
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« Les photographies d’Erwan Vivier ont une âme : le corps n’est pas simplement une entité visuelle mise à « nu », mais invite à ressentir des tensions, à éprouver des sensations dans votre propre chair, comme si ce corps était le votre.
Le photographe n’est jamais ici qu’un simple « opérateur », il prend soin d’ajouter à la prise de vue tout son imaginaire, faits d’objets chinés dans les brocantes, d’instants de recherche personnelle, de souvenirs littéraires ou cinématographiques – films noirs de préférence, univers fétichistes ou underground, musique rock et polars des années 50 – en même temps qu’il distille lors de mises en scènes soigneusement élaborées un paquet d’impressions personnelles qu’il a accumulé depuis son adolescence.
Devant ces photographies, la chair est oppressée par le corset ; les tatouages, comme autant de « fétiches », laissent leur empreinte, vous marquent. Ces corps, sculptés de lumière et révélés par celle-ci dans un contraste fort et tout à la fois retenu, sont souvent présentés dans des décors industriels ou rétros, qui leur donne un écrin, à la manière des images de Joël Peter Witkin.
Erwan Vivier « triture » parfois aussi ses négatifs, les raye, les passe à l’acide, tel un William Klein… Néanmoins, au-delà de ce « douloureux » rituel qui confère à l’épreuve finale son caractère authentique, il sait, plus que tout, poursuivre la création de son propre univers, où se croisent musiciens, corps de femmes, objets de studio, accessoires ou prothèses, pour aboutir à une œuvre photographique originale.
En couleur ou en noir et blanc, une photographie – argentique – d’Erwan Vivier transfigure les corps, leur donne un supplément d’âme, une personnalité qui renvoient aux éléments obscurs de la culture du XXème siècle, et finalement à tout ce qu’il convient d’en retenir, loin des images médiatiques et de l’industrie culturelle d’aujourd’hui. »
Paul Vancassel, Président de Photo à L’ouest.
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